Elder du 25.10.2023
Formé en 2008 et enraciné à Boston, Elder a émergé sur la scène musicale en lançant son premier album éponyme en 2009. Ce groupe, teinté de Doom/Stoner aux accents psychédéliques, ne s'est réellement fait connaître qu'en 2011 avec la sortie de son deuxième album intitulé "Dead Roots Stirring". C'est avec cet opus que de nombreux fans, dont je fais partie, ont fait la découverte de ces talentueux musiciens américains.
Sur "Dead Roots Stirring", Elder a perfectionné son style en intégrant davantage de passages atmosphériques, voire progressifs, dans sa musique. Cette évolution s'est confirmée sur leur EP sorti en 2012. En 2014, l'attente d'un nouvel album était à son comble, mais la surprise a été un album live capturé lors de leur passage au festival Roadburn en 2013. Cependant, le printemps 2015 a enfin apporté la nouvelle tant espérée, et elle s'appelle "Lore".
Si l'on se fie à l'ambiance dégagée par sa pochette, on peut supposer que ce nouvel opus poursuit le virage progressif amorcé sur "Dead Roots Stirring" et leur EP à deux titres "Spires Burn/Release". Le changement ne se fait pas immédiatement ressentir avec "Compendium", le premier morceau qui reste dans la veine classique d'Elder. C'est avec "Legend", le deuxième morceau de douze minutes, que les choses commencent à évoluer. La chanson démarre avec une guitare claire suivie par la basse, puis la batterie entre en scène, créant une montée en puissance progressive. Le groupe continue de s'appuyer sur une rythmique lourde et saturée, assurée par le duo massif de Jack Donovan à la basse et Matt Couto à la batterie. La guitare ne se contente pas de riffs, mais superpose des harmonies en strates qui évoquent par moments le post-rock. Il faut près de trois minutes pour entendre la voix du chanteur-guitariste Nick DiSalvo. Les morceaux alternent entre passages atmosphériques, progressifs et violents. L'intensité monte et monte pour finalement exploser dans une apothéose finale.
Elder réitère ce tour de force avec "Lore", une pièce épique de près de seize minutes, qui commence de manière frénétique et maintient son rythme effréné jusqu'à la mi-temps. Puis, l'intensité cède la place à un calme relatif, et comme dans "Legend", la guitare reprend en clair, toujours en strates superposées, tandis que la rythmique gagne en intensité. Cette masse sonore dépasse le simple virage progressif pour explorer des territoires post-metal. Avec ces trois premiers morceaux, Elder affirme sa direction musicale avec maestria, mais l'album ne s'arrête pas là. Quarante minutes se sont déjà écoulées (très rapidement), il en reste près de vingt.
Le groupe enchaîne avec "Deadweight", une pièce incandescente et proche de "Compendium", puis avec les dix dernières minutes de "Spirit at Aphelion". Ce dernier chef-d'œuvre commence par une section acoustique, puis le rythme s'accélère, la guitare devient électrique avec un riff qui évoque Black Sabbath. Nous avons également droit à un superbe solo de la part de Nick, et les parties de batterie de Matt sont phénoménales. Le mellotron fait une apparition, changeant l'ambiance pour quelque chose de plus atmosphérique, avec la guitare de plus en plus limpide, avant le retour de la voix dans un final résolument plus métallique.
À la lecture de cette chronique, vous comprendrez sans doute (je l'espère) que "Lore" est une référence incontestable dans le genre. L'album offre cinquante-neuf minutes de pur délice musical, tant par la qualité des compositions que par l'habileté des musiciens. La production, malgré la rythmique puissante et saturée de Jack et Matt, laisse à Nick la place pour s'exprimer. La décision d'explorer de nouveaux horizons musicaux est un audacieux coup de maître, et c'est une réussite que l'on ne peut que saluer, chose devenue rare de nos jours.
Plongez dans l'univers sonore exceptionnel d'Elder en écoutant notre interview exclusive, enregistrée dans la Mystery Machine de Radio Pulse le 20 août dernier.